Nous vous proposons ci-dessous un nouveau bilan hebdomadaire des marchés de la semaine passée. Bonne lecture.
Le funambule monétaire
Les indices boursiers ont poursuivi leur progression au cours de la semaine écoulée, les mauvais chiffres de l’emploi US publiés début septembre ont suffi à pousser les investisseurs à précommander leur dose de liquidités, convaincus que la Fed servira cette semaine un cocktail de baisse de taux.
Pour rappel contrairement à la BCE, qui concentre son action uniquement sur la lutte contre l’inflation, la Réserve fédérale américaine a une double mission : maintenir la stabilité des prix et favoriser le plein emploi.
Si l’inflation s’emballe, la Fed monte les taux pour refroidir la machine. C’est exactement ce qu’elle a fait post Covid : face à une flambée des prix au-delà de 9 % en 2022, elle a relevé ses taux directeurs de 0 % à plus de 5 % en un peu plus d’un an ,le resserrement le plus brutal depuis les années 1980.
C’est précisément ce scénario que les investisseurs ont choisi de jouer.
À l’inverse, si l’économie cale et que le chômage repart à la hausse, la Fed abaisse ses taux pour redonner de l’oxygène à l’activité, ce qui, de facto, ravive l’intérêt pour les marchés actions.
En effet, des taux plus bas réduisent le coût d’emprunt des entreprises. Elles peuvent financer leurs investissements et leur croissance à moindre frais, ce qui améliore leurs perspectives de bénéfices dans les modèles financiers, c’est un peu comme un caviste qui casse les prix, le crédit devient plus abordable et les bouteilles (les profits futurs) prennent de la valeur. Mais attention à ne pas trop s’en enivrer… car l’ivresse monétaire des marchés peut vite tourner à la gueule de bois.
En attendant, les marchés lèvent déjà leur verre, le S&P 500 a gagné 1,37 %, l’Euro Stoxx 50 s’est adjugé 1,34 %, et le CAC 40 s’est même offert l’insolence de grimper de près de 2 % ignorant à la fois la chute du gouvernement Bayrou et la dégradation de la note souveraine française par Fitch en fin de semaine.
Fitch fait pschitt... mais l'addition arrivera quand même.
Vendredi, l’agence de notation Fitch a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+ dernière marche de la catégorie « très haute qualité » (les États jugés extrêmement solides, quasi sans risque).
L’agence Américaine n’a fait que confirmer un diagnostic déjà connu : un endettement public élevé, des déficits persistants et une trajectoire budgétaire jugée peu crédible. Concrètement, cela signifie que la France est perçue comme un emprunteur un peu plus risqué qu’auparavant, même si elle reste dans la catégorie des signatures solides de la zone euro.
Le marché est resté de marbre face à la dégradation de la note française, une décision largement anticipée qui n’a rien révélé de nouveau : la dette publique représente 113 % du PIB et le déficit 2024 s’élève à 5,8 % du PIB. Tout d’abord, un risque systémique, comprenez un scénario de faillite de l’État français, ne paraît pas rationnel. Et ce pour plusieurs raisons :
L’encours de dette dépasse 3 000 milliards d’euros, adossé à une demande régulière (banques, assureurs, investisseurs internationaux) qui limite le risque de “trou de financement”.
La France prélève environ 45 % du PIB en recettes publiques, l’un des niveaux les plus élevés au monde, preuve d’une forte capacité structurelle à financer sa dette et parallèlement le taux d’épargne domestique est supérieur à 17 % du revenu disponible brut (vs ~12 % en moyenne européenne), constituant un réservoir naturel de financement via l’assurance-vie et les produits obligataires.
La véritable menace n’est donc pas une crise brutale, mais une érosion progressive de la signature française. Cela se traduit déjà par l’élargissement des spreads : environ +80 pb par rapport à l’Allemagne et +22 pb par rapport à l’Espagne.
A terme, si la charge de la dette devient trop lourde, la France pourrait se retrouver sous la tutelle de la BCE via le Transmission Protection Mechanism. Ce soutien, loin d’être gratuit, serait conditionné à des réformes budgétaires exigeantes. La discipline viendrait alors de l’extérieur, avec en première ligne une réduction des dépenses publiques, largement supérieures à la moyenne européenne.
Bonne semaine à toutes et tous !
- Rédigé par Vincent BARBIER, gérant Proximité Partenaires Conseils.
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